l’art de vivre en décembre
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l’art de vivre en décembre
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film
Oh, Canada - De Paul Schrader
Après un passage remarqué à Cannes, Paul Schrader nous dévoile un nouvel opus empreint de profondeur et de nostalgie avec Oh, Canada. Ce film, porté par Richard Gere et Jacob Elordi, retrace l’histoire de Leonard Fife, ancien déserteur de la guerre du Vietnam et figure emblématique du documentaire.
À travers les yeux d’un homme fatigué par la maladie, mais avide de vérité, Schrader tisse une œuvre délicate sur la mémoire et les choix d'une vie. Alors que Leonard, campé par Gere, se confie à un jeune documentariste, les flashbacks nous transportent dans les tumultes de son passé : une jeunesse révoltée, des idéaux puissants, et un exil vers les paysages vastes et accueillants du Canada.
Avec des performances poignantes de Gere, Elordi et Uma Thurman, Oh, Canada nous plonge dans une atmosphère suspendue entre deux époques, où l’on ressent l’écho des années 60 et le poids des rêves sacrifiés. Ce film, à la fois intime et universel, se présente comme un hommage à ceux qui ont fui pour vivre libres, mêlant les voix de deux générations dans un dialogue à la fois tendre et implacable.
Un rendez-vous au cinéma à ne pas manquer le 18 décembre, pour explorer cette œuvre où la quête de sens et la rédemption se rejoignent, en un ballet cinématographique aussi émouvant qu’intemporel.
P
Podcast
Les Baladeurs : Hivernage au pays des rêves
Pour l’épisode Les Baladeurs : Hivernage au pays des rêves, l’illustratrice Lauriane Miara nous emmène dans un univers glacé et fascinant, à bord du voilier ATKA. Ce navire, qui mêle aventures scientifiques et créations artistiques, traverse les eaux arctiques pour atteindre le port isolé d’Isafjordur, en Islande. Lauriane découvre ce coin reculé lors d’un festival d’aventures, et un an plus tard, elle décide de s’y plonger elle-même.
Dans cet épisode, elle raconte son hivernage de rêve, immergée dans la neige et les glaces de ce fjord majestueux, où la réalité semble se fondre avec l’imaginaire. Ce petit village islandais devient pour elle un bout du monde hors du temps, où la nature, la solitude et l’art se rencontrent au fil des jours. Au-delà des paysages enneigés, c’est l’expérience d’un hiver isolé et serein que Lauriane partage avec douceur, révélant un quotidien fait de découvertes artistiques et de connexions uniques avec la nature arctique.
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théâtre
La Mouette
La Mouette, d'Anton Tchekhov, après un accueil désastreux lors de sa première en 1895, a été relancée avec succès en 1898 grâce à la mise en scène novatrice de Constantin Stanislavski au Théâtre d'Art de Moscou. La pièce, qui est centrée sur des personnages tiraillés entre de grands idéaux et une réalité frustrante, exigeait une approche théâtrale inédite pour en révéler toute la profondeur. Stanislavski a donc mis au point un jeu subtil, axé sur les silences et les non-dits, qui allait marquer un tournant dans le théâtre moderne en intégrant les nuances psychologiques complexes de Tchekhov.
Dans cette nouvelle mise en scène de Stéphane Braunschweig, présentée à l'Odéon, La Mouette est revisitée sous l’angle de préoccupations contemporaines, comme la fragilité écologique, thématique déjà explorée par Braunschweig dans sa mise en scène de L'Oncle Vania en 2020. Ici, le texte du jeune Treplev, où il imagine un monde déserté de toute vie, devient le cœur de la réflexion, un écho aux inquiétudes écologiques et à la sensation d'un monde en sursis. Cette vision sombre, bien que moquée par les autres personnages, se répand comme un fil rouge à travers l’intrigue, soulignant l'inéluctable poids de la réalité face aux rêves d’art et de passion.
La pièce met en scène une galerie de personnages pris dans leurs propres choix : certains, comme Treplev, se lancent avec passion dans l’art et l'amour, tandis que d’autres, comme Trigorine, adoptent une attitude cynique ou indifférente, se réfugiant dans des consolations superficielles. Tchekhov, observateur impartial de cette lutte, nous laisse face à une question essentielle : comment trouver le bonheur dans un monde marqué par la désillusion et peut-être voué à la ruine ?
Au théâtre de l'Odéon, jusqu'au 22 décembre.